Le projet STATIC s’inscrit dans le domaine de l’étude sociale des sciences et des techniques (Science & Technology Studies ou STS). Ce champ des sciences sociales s’intéresse à la production des connaissances scientifiques et aux controverses dont elles sont l’objet, ainsi qu’aux dispositifs, instruments et normes techniques à travers lesquels des phénomènes comme des problèmes sanitaires et environnementaux sont mesurés et définis.
Le projet STATIC propose d’analyser l’antibiorésistance en mobilisant les outils et questions des STS, tout en s’inscrivant dans une perspective « globale » avec des enquêtes qui se déclinent dans des contextes géographiques divers (Amérique du Nord, Argentine, Europe et Inde) et qui s’intéresse à la mise en pratique des préceptes de OneHealth.
Le projet est organisé en trois axes de recherche qui étudieront plus spécifiquement : les rejets médicamenteux, les viandes « sans antibiotiques » et la mesure des pollutions environnementales. L’un des objectifs est de déterminer comment sont définies et négociées les frontières entre les différentes composantes de OneHealth (santé humaine, santé animale et environnement).
Le projet cherchera à comprendre la manière dont les pollutions environnementales sont prises en compte dans les programmes de gestion d’antibiotiques (antibiotic stewardship) à l’hôpital. Ces dernières années, la présence d’antibiotiques dans les eaux usées des hôpitaux est devenue une question de plus en plus importante en France et en Inde. Cependant, la manière dont la question a été formulée et les mesures mises en œuvre pour y répondre semblent radicalement différentes : en France, les mesures sont mises en place « en amont » du processus de soin ; en Inde les mesures sont mises en place « en aval », portant plutôt sur les environnements déjà pollués à cause d’une utilisation massive d’antibiotiques.
Le projet STATIC cherchera ainsi à comprendre les effets des dispositifs de mesure sur la gestion des effluents hospitaliers, mais aussi les ressorts politiques de la permanence de ces pollutions.
On s’intéressera à la façon dont fonctionnent les labels de viandes dits « sans antibiotiques ». Ces dispositifs se sont abondamment développés ces dernières années, s’affirmant comme un levier essentiel de la réduction des usages d’antibiotiques en élevage. Ils posent toutefois question quant aux normes de bon usage et aux dispositifs de monitoring qu’ils embarquent. En effet, il existe à ce jour une grande hétérogénéité dans ces labels, si bien que la notion de « sans antibiotiques » revêt des sens et repose sur des pratiques assez différentes entre les filières et entre les pays.
Dans le cadre du projet STATIC, nous allons étudier le fonctionnement de plusieurs de ces labels afin de voir s’ils contribuent (ou non) à la prise en charge du problème de l’antibiorésistance à l’interface de la santé animale et humaine.
L’équipe enquêtera sur des dispositifs de surveillance des antibiotiques et de l’antibiorésistance en aquaculture, en s’intéressant à l’interface entre santé animale et santé des environnements. Une comparaison des dispositifs de mesure des antibiotiques dans les environnements entre des contextes géographiques divers sera particulièrement bénéfique pour le projet.
Le projet STATIC s’intéressera notamment à la grande diversité d’appareils et de méthodes technologiques (capteurs, compteurs, nouvelles méthodes d’analyse biologique) imaginées pour limiter la pollution environnementale, et à leurs effets (ou l’absence d’effets) en matière de réduction d’usage des antibiotiques et de transformation des systèmes sanitaires et agroalimentaires.