Les antibiotiques et l'essor du "Quick Farming" dans les zones périurbaines de l'Ouganda

Cet article publié dans la revue Journal of Biosocial Science revient sur les résultats d’une enquête collective
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Le 29 janvier 2025

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A travers un article collectif, Miriam Kayendeke, Laurie Denyer-Willis, Susan Nayiga, Christine Nabirye, Nicolas Fortané, Sarah G Staedke et et Clare IR Chandler interroge l’essor du “Quick farming” dans les zones périrubaines de l’Ouganda.


Résumé de l’article :

La « révolution de l'élevage » a vu la vie et les moyens de subsistance des populations périurbaines se mêler de plus en plus aux porcs et aux volailles dans toute l'Afrique, en réponse à une demande croissante de protéines carnées. Cette « révolution » laisse entrevoir la possibilité de répondre à la fois à la pauvreté et aux besoins nutritionnels. Toutefois, l'intensification de l'élevage a suscité des inquiétudes, notamment en ce qui concerne l'utilisation abusive d'antibiotiques et ses conséquences sur la résistance aux antimicrobiens (RAM). Ces changements reflètent une énigme micro-biopolitique où les agendas des microbes, des agriculteurs, des publics, des autorités et des agences transnationales sont en tension. Pour comprendre cela, il faut prêter une attention particulière aux pratiques, aux principes et aux potentiels qui existent entre ces acteurs.

La recherche ethnographique s'est déroulée dans un district périurbain, Wakiso, en Ouganda, entre mai 2018 et mars 2021. Cette étude comprenait une enquête sur les médicaments dans 115 petites et moyennes exploitations porcines et avicoles, 18 semaines d'observation participante dans six exploitations, 34 entretiens approfondis avec des agriculteurs et d'autres acteurs du secteur local de l'élevage, quatre discussions de groupe avec 38 agriculteurs et 7 vétérinaires, ainsi qu'une analyse de documents d'archives, de médias et de documents politiques.

L'adoption à grande échelle de l'élevage rapide a été constatée, un phénomène entrepreneurial qui voit les Ougandais élever du bétail « exotique » avec des méthodes et des mesures de production importées, y compris des antibiotiques pour la thérapie immédiate, la prévention des infections et pour promouvoir la production et la protection des moyens de subsistance. Cet assemblage - un assemblage prometteur du périurbain - renforce la précarité contre laquelle les antibiotiques constituent une couche potentielle de protection. L'article affirme que si l'on s'attaque à l'utilisation des antibiotiques en tant que facteur de la RAM, il faut s'attaquer à la précarité en tant que facteur de l'utilisation des antibiotiques. La réduction de la dépendance aux antibiotiques exige un niveau de biosécurité et des économies d'échelle dans l'achat d'assurances qui ne semblent abordables que pour les producteurs commerciaux à grande échelle. Cette étude illustre les risques - pour les finances, le développement et la santé - de l'expansion d'un modèle entrepreneurial de production de protéines dans des populations vulnérables au climat, aux infections et à la dynamique du marché.


L’article est à retrouver ici.

Kayendeke M, Denyer-Willis L, Nayiga S, et al. Pharmaceuticalised livelihoods: antibiotics and the rise of ‘Quick Farming’ in peri-urban Uganda. Journal of Biosocial Science. 2023;55(6):995-1014. doi:10.1017/S0021932023000019


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